Tout au long de la vie, et plus particulièrement pendant l’enfance, nous avons mis en place des stratégies de défense, voire de survie, pour faire face à des situations critiques. Lorsqu’une émotion négative est ressentie et que nous n’avons pas les moyens d’apporter une solution à la situation, notre corps va trouver sa propre solution en refoulant ces émotions. Comme il n’y a pas de solution, le corps va s’interdire d’exprimer son émotion car c’est l’expression même de l’émotion qui provoque le problème. Par exemple, une mère ne supporte pas les manifestations de frustration de son bébé. Le bébé voudrait téter mais sa mère est occupée ailleurs et ne réponds pas à son attente. Le bébé manifeste sa frustration. Il se met à hurler car sa mère n’arrive pas. Et quand sa mère arrive, elle le gronde et lui dit qu’il n’aura pas à manger tant qu’il ne se sera pas calmé. Il y a blocage. C’est là une question de survie pour le bébé ! Il va donc apprendre très rapidement à ne plus exprimer sa frustration pour avoir à manger. La colère, la frustration est refoulée. De ce fait, l’énergie de la colère ne pouvant plus s’extérioriser, elle va rester dans le corps et s’emmagasiner.
Comment va-t-elle s’emmagasiner ? Cela peut prendre plusieurs formes selon la structure déjà établie. La forme la plus courante est qu’elle va engendrer une tension chronique des muscles qui sont normalement actifs dans l’expression de l’émotion. Ces muscles vont se durcir et perdre de leur élasticité, jusqu’à se raccourcir et engendrer une modification de la posture.
Une forme plus profonde peut apparaître. A force de retenir la tension, à force de répétition d’une même situation sans solution, les muscles vont carrément renoncer, et développeront une hypotonicité chronique. Les muscles deviendront flasques, sans vitalité, et il sera difficile de les mobiliser.
Combien de personnes sont incapables de maintenir les bras en l’air plus de quelques secondes, souffrent pour changer une simple ampoule quand bien même ils sont relativement bien musclés ? Imaginez le bébé qui lève les bras vers sa mère pour qu’elle le prenne, et que sa mère n’y réponde pas. Imaginez ce même geste à chaque fois frustré, plusieurs fois par jour. Imaginez le poids de la renonciation à ce geste, le désinvestissement qu’il vaut engrammer dans ses muscles pour que l’impulsion ne se manifeste plus, et vous comprendrez pourquoi à l’âge adulte il est si difficile de lever les bras.
Il s’ensuit au fil du temps une modification posturale qui va de pair avec une formation du caractère. C’est pourquoi la lecture du corps est d’une aide considérable pour le thérapeute corporel. Nous y reviendrons dans un prochain article.
Retour Ping« Drain me deeper, drain me true… » – Christophe Obraczka – Psychologie biodynamique à Grenoble – Thérapie psycho-corporelle – Psychothérapie